Au cours des derniers mois, les agents de la police municipale ont utilisé des formulaires de contrôles permettant d'enregistrer les identifications dans le quartier de Ciudad Lineal de la capitale espagnole. Les agents remplissent un formulaire et renseignent les données des individus contrôlés ou fouillés, incluant également leur "profil ethnique". C'est la première fois que ces mesures sont mises en application dans une ville aussi grande que Madrid. Ce type d'initiative avait d'abord été lancé dans de plus petites villes, telles que Fuenlabrada, Castellón et Gérone, et sont actuellement testés dans les villes de Albacete et Puertollano.
Une initiative pour l'égalité de traitement des minorités par la police
Les formulaires de contrôle s'inscrivent dans une initiative visant à défendre les droits des citoyens à l'égalité de traitement par la police, et leur but est de faire en sorte que les identifications soient justes et efficaces. Les formulaires réduisent les pratiques discriminatoires à l'encontre de certains groupes ethniques et améliorent l'efficacité de la police, car la réduction du nombre de procédures d'identification menées pour des raisons non justifiées améliorer la prévention du crime et accroît le niveau de sécurité. Comme nous l'avons mentionné dans notre précédent article, les institutions des droits humains, dont le défenseur des droits en personne, avaient demandé l'adoption de telles mesures.
La particularité de ces formulaires de contrôle est qu'ils collectent des détails concernant la façon dont les identifications sont menées, afin de prévenir une pression disproportionnée sur certains groupes. Les données recueillies sont partagées avec la société civile, ce qui représente un exercice de transparence et un pas en avant vers un dialogue honnête avec les forces de police et de sécurité du pays.
Des habitants du quartier, des organisations de défense des droits des citoyens, le Conseil municipal de Madrid et la Police municipale ont tous pris part à un workshop visant à établir les bases de la mise en place et promotion de ce dialogue. La discussion était axée sur la nécessité d'inclure les personnes appartenant aux groupes ethniques qui sont les plus affectés par les contrôles et fouilles de la police dans le débat et d'analyser les données collectées dans le cadre de ce protocole. L'objectif est de créer un climat de confiance entre la police et les personnes appartenant à des groupes ethniques, laissant ainsi la place aux critiques constructives.
Des espaces dédiés au dialogue et à la collaboration
Au cours du workshop, les agents de police et membres des organisations ont travaillé ensemble, en petits groupes mixtes. Ils auront discuté des différents problèmes et défis que la mise en place du protocole représente. Les forces de police ont fait part de leur propre réticence à mettre en place le protocole. Ils ont aussi souligné le fait que cet outil était considéré comme un outil essentiel en vue d'améliorer les relations entre les communautés et la police. Mais la police s'inquiète du fait le protocole puisse représenter un mécanisme visant à examiner et critiquer leur travail. D'autres craignent aussi que les citoyens ignorent le véritable objectif et contenu du protocole.
Les attentes vis-à-vis du protocole ont également fait l'objet d'un débat. Les collectifs qui ont pris part au workshop ont considéré que le projet était un succès en soi, et ont fait part de leur espoir de voir le projet étendu à d'autres quartiers de la capitale. Les organisations de la société civile ont demandé la mise en place de nouveaux espaces de travail partagé et de dialogue, où les problèmes ou préoccupations concernant le protocole peuvent être abordées et débattues. Le but serait que la mise en place de ce protocole ne soit pas un processus, mais bien un modèle de sécurité durable.