Technologies et droits

Pologne : en pleine campagne électorale, le gouvernement populiste vise la communauté LGBT

Le gouvernement d'extrême droite s'est trouvé un nouvel ennemi : la communauté LGBT. Tandis que les sondages montrent un appui de plus en plus fort pour les couples de même sexe, leur stigmatisation par le gouvernement va-t-elle porter ses fruits ?

by LibertiesEU

Plus tôt cette année, Rafał Trzaskowski, maire de Varsovie, a publié une déclaration découpée en douze points, promettant d'améliorer la sécurité, l'éducation, la culture, le sport, l'accès à l'administration et l'emploi pour la communauté LGBT de sa ville.

La déclaration a été vue par beaucoup comme un progrès indispensable en matière de protection d'un groupe depuis longtemps persécuté dans un pays de tradition très catholique. Selon des estimations, près de 70% des lesbiennes, gays, bisexuel.le.s et transgenres en Pologne ont subi des formes de violences au cours des dernières années.

C'est aussi le premier document officiel dans l'histoire de la Pologne à reconnaître les droits des personnes LGBT.

Le gouvernement prend pour cible la communauté LGBT

Mais cette initiative historique n'a pas été bien accueillie par tout le monde dans le pays. Le gouvernement populiste d'extrême droite s'est emparé de la question, mettant la communauté LGBT au centre de sa campagne, à la veille des élections qui auront lieu en 2019 : les européennes de mai et les élections nationales cet automne.

Rien de très novateur dans la stratégie de campagne du gouvernement n'est à noter. Le Parti Droit et Justice (Pis), au pouvoir en Pologne, et mené par Jarosław Kaczyński, a repris le pouvoir en 2015 au moyen d'une campagne qui protégeait de défendre le pays des menaces imaginaires représentées par les réfugiés musulmans.

Cela a porté ses fruits, comme dans d'autres pays en Europe, tels que la Hongrie. Mais le nombre d'arrivées de migrants ne cesse de chuter, et Kaczyński avait besoin d'inventer une nouvelle menace pour le peuple polonais. Et cette menace, il l'a trouvé dans la communauté LGBT. En mars, peu de temps après la publication de la déclaration du maire de Varsovie concernant les personnes LGBT, Kaczyński a indiqué à ses partisan.e.s qu'il s'agissait "d'une sexualisation des enfants dès les premiers stades de l'enfance. Nous devons combattre cela. Nous devons défendre la famille polonaise. Nous devons la défendre férocement car il s'agit d'une menace pour la civilisation, pas seulement pour l'Europe mais aussi pour toute l'Europe entière, pour toute la civilisation qui est fondée sur la chrétienté".

Ses acolytes, de son parti mais aussi de l'Église, ont fait passer le message. Elzbieta Kruk, candidate du parti Droit et justice aux européennes 2019, a indiqué espérer que bientôt "la Pologne sera une région libre de personnes LGBT". Et un prêtre célèbre du pays a déclaré lors d'une émission radio que le "+" de "LGBT+" se rapportait aux "pédophiles, zoophiles et nécrophiles".

Et fin avril, pendant un discours sur le patriotisme, Kaczyński a qualifié l'homosexualité d' "importation étrangère", affirmant que tout le monde au sein de la communauté LGBT devait apprendre à "accepter la chrétienté" (La liberté de religion est protégée dans la Constitution polonaise).

Un avenir meilleur à l'horizon ?

Le pouvoir des politiques et discours anti-LGBT reste incertain en Pologne. Le soutien aux couples de même sexe est à la hausse dans le pays, et un sondage Ipsos réalisé plus tôt cette année pour le média OKO.Press, indique que 56% des Polonais.e.s ne sont pas opposé.e.s aux unions civiles (type PACS), soit 4% de plus par rapport à deux ans auparavant (après le retour au pouvoir de Droit et justice).

En effet, le maire Trzaskowski ne pense pas que les attaques visant les gays s'avéreront aussi efficaces que la campagne visant les migrant.e.s. "La plupart des Polonais.e.s n'avaleront pas l'idée selon laquelle les homosexuel.le.s menacent notre culture et nos valeurs", a-t-il déclaré au New York Times plus tôt cette année.

D'autre signes de progrès plus visibles encore sont à noter. Robert Biedron, un homme politique ouvertement gay, a formé un nouveau parti libéral qui a obtenu un fort soutien. Et de plus en plus de villes organisent des Marches des fiertés LGBT, malgré les contremanifestations violentes, qui sont fréquentes.

La campagne du gouvernement se transformera-t-elle en succès dans les urnes en mai et plus tard cette année ? Les sondages continuent d'annoncer une victoire (courte mais constante) du parti Droit et justice. Mais avec un soutien pour les couples de même sexe à la hausse, il est raisonnable de penser que les électeurs rejetteront la campagne discriminante et basée sur la peur du gouvernement.


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