Du 12 au 16 mars, la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND) s'est réunie à l'occasion de sa session annuelle à Vienne, pour la 61ème fois de son histoire.
Depuis que l'Assemblée Générale de l'ONU a étendu les pouvoirs de la Commission en 1991, faisant d'elle l'organe directeur du Bureau du contrôle des drogues et de la prévention du crime (BCDPC) des Nations Unies, les réunions annuelles sont devenues l'un des moments phares de la construction des futures politiques et approches en matière drogues.
C'est grâce aux décision de la Commission que certaines drogues et substances sont considérées légales (et donc disponibles) alors que d'autres sont interdites et donc sujettes à des restrictions.
Le travail de cette dernière session de la Commission des stupéfiants a acquis de plus en plus d'importance dans la perspective de la rencontre ministérielle de haut niveauqui sera tenue à Vienne en 2019, et qui nous permettra de faire un bilan après près de 20 années de guerre contre les stupéfiants.
Le rôle crucial de la société civile
En mars, le travail de la Commission des stupéfiants de l'ONU, bien que démarrant sur une bonne note et les bons points de l'UNGASS 2016, a été plutôt affecté par la situation mondiale, dont le bilan est pour le moins mitigé.
D'une part, on peut dire objectivement que depuis avril 2016, de plus en plus de pays ont décidé de changer leurs politiques en matière de drogues, et qu'au niveau mondial, on a connu une réduction du nombre de peines de mort prononcées dans des affaires de drogues.
D'autre part, nous ne pouvons que regretter qu'un pays tel que les États-Unis, historiquement connu pour ses politiques prohibitionnistes, suite à la brève période libérale sous Obama, revienne à une position plus stricte sous l'administration de Trump, qui évoqué la possibilité d'établir la peine de mort pour les trafiquants de drogues (ce qui est déjà une réalité aux Philippines de Rodrigo Dutrete, où l'on compte les condamnés à mort par milliers.
Les organisations de la société civile ont joué un rôle fondamental dans le travail de la Commission et promu près d'une centaine d'évènements en parallèle à l'organisation de la réunion. Pour assister le travail de la Commission, près de 188 ONG (dont la CILD) ont, entre autres, adressé une lettre à l'OMS, appelant à mettre en place en urgence une révision des principes et lignes directrices pour le traitement et les soins des troubles liés à la drogue.
Le cas de l'Italie
La société civile a joué un rôle crucial dans la définition de la position de la délégation italienne au cours du travail de la Commission. Au moyen d'une lettre ouverte, les ONG italiennes ont exhorté le gouvernement à ne pas répéter les erreurs du passé en soutenant les politiques en matière de drogues qui soient conformes à celles des autres pays européens, des politiques qui intègrent et respectent davantage les droits humains.
La délégation italienne a réitéré plusieurs positions qui avaient déjà été exprimées par l'ambassadeur de l'Italie au cours de la session plénière de UNGASS 2016 : la réduction des risques, la condamnation de l'usage de la peine de mort contre les trafiquants de drogues et un appel à limiter l'usage des peines d'emprisonnement pour les trafiquants.
Au cours de son discours devant la Commission des stupéfiants, l'ambassadeur de l'Italie a réitéré ces conce�pts et reconnu l'importance des ONG et de la société civile dans le rôle des consultants.
Dans l'attente de Vienne 2019, il reste à espérer que cette reconnaissance donne lieu à un débat productif entre les institutions et les organisations de la société civile (comme cela s'est produit en 2016). À travers les propositions qui en ressortiront, ce débat devrait contribuer à la réforme des politiques sur les drogues en Italie et dans le monde.