Sept personnes risquent la prison pour avoir aidé des personnes en danger à traverser la frontière franco-italienne. Trois d'entre eux ont été arrêtés le 22 avril 2018 suite à une marche de solidarité dénonçant les dangereuses provocations racistes du groupe d'extrême droite Génération Identitaire (GI), qui avait auparavant bloqué le Col de l'Échelle à Briançon, dans le contexte du renforcement de la militarisation de la frontière franco-italienne.
Les poursuites judiciaires : un véritable outil d'intimidation
Suite à leurs arrestations, les trois activistes ont été placés en garde à vue pendant 11 jours, puis ont passé 25 jours dans une maison d'arrêt avant d'être libérés, dans l'attente d'une décision du Conseil Constitutionnel concernant le délit de solidarité. Le 6 juillet, le Conseil avait décidé que la solidarité devait se réduire à apporter de l'aide humanitaire seulement du côté français de la frontière. Suite à cette décision, les quatre autres personnes avaient aussi été placées en garde à vue, pour les mêmes raisons.
Bastien, Benoit, Eléonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo seront jugé.e.s le 8 novembre prochain au tribunal de Gap (Hautes-Alpes). Ils sont poursuivi.e.s pour avoir aider des étrangers irréguliers à entre sur le territoire national, en "bande organisée", et risquent des peines allant jusqu'à 10 ans de prison et une amende qui pourrait s'élever à 750000 euros.
Ces peines sont généralement réservées à la criminalité organisée. Les ONG de défense des droits humains estiment que les poursuites sont devenues un outil visant à intimider les citoyen.n.es qui manifestent de la solidarité envers les personnes migrantes qui tentent de franchir les Alpes françaises. Elles signalent que si le Bureau du procureur a décidé de poursuivre ces activistes pacifiques, il a, dans le même temps, épargné le groupuscule Génération Identitaire de toutes formes de sanctions.
Une pétition de la Cimade appelle à l'acquittement des accusés
Les membres de Génération Identitaire se considèrent comme étant des "activistes identitaires" et organisent des rondes le long de la frontière, à la recherche de personnes migrantes, prétendant vouloir "défendre l'Europe". Les comptes Twitter, Facebook et Instagram de ce groupe ont depuis été suspendus.
Une pétition a été lancée par plusieurs ONG françaises, demandant la relaxe des activistes accusé.es. Les ONG appellent :
- à la relaxe des activistes Bastien, Benoit, Eléonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo
- à la fin des poursuites judiciaires engagées contre celles et ceux qui aident les migrant.es
- à la fin des violences policières à l'encontre des personnes exilé.es à la frontière
- au respect des droits humains.
Signez la pétition dès maintenant!
Dans le même temps, Médecins Sans Frontières a rencontré des associations locales à Briançon, qui alertent depuis plusieurs mois sur les violations systématiques des droits des migrant.es. Ces violations comprennent notamment : le refoulement de personnes en exil (dont des mineur.es), des contrôles discriminatoires, des "prises en chasse" dans les montagnes, des refus de traiter les demandes d'asile, un manque d'interprètes et des remarques insultantes et menaçantes à l'égard des migrant.es.