Les partis populistes autoritaires ne sont pas parvenus à remporter les élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne en 2017. Certains analystes estiment que ces différentes défaites annoncent la mort du populisme en Europe. Mais les élections qui ont suivi en Autriche, puis en République tchèque, en Hongrie, en Italie, en Slovénie et en Suède, ont prouvé le contraire. Même dans les pays où les populistes n'ont pas réussi à entrer dans le gouvernement, comme en Slovénie ou en Suède, leur popularité a connu une forte hausse. Et dans le cas des Pays-Bas, de la Suède et de l'Autriche, il semble clair que les partis de centre-droit ont réussi à tenir le coup notamment parce qu'ils ont adopté des politiques et une rhétorique similaire à celles de leurs opposants autoritaristes.
Nous avons vu de quoi sont capables les partis autoritaires une fois qu'ils détiennent fermement le pouvoir. Ils prennent le contrôle des médias ou les intimident afin d'alimenter la peur et la haine à l'encontre des minorités, telles que les migrants. S'ils n'arrivent pas à modifier la constitution, ils prennent le contrôle des tribunaux pour empêcher les juges de bloquer leurs attaques visant certains groupes. Ils mènent des campagnes de diffamation et de harcèlement contre les défenseurs des droits humains qui critiquent les actions du gouvernement ou qui mobilisent le public pour s'opposer à ses politiques, en bloquant et limitant l'accès aux financements. Ils réforment le système éducatif afin de promouvoir l'intolérance, la xénophobie et la répression des femmes, des personnes LGBT et des minorités ethniques, et ils s'en prennent au droit des citoyens de manifester et à la liberté de réunion.
Et nous n'avons toujours pas obtenu de réponses de la part des experts permettant d'expliquer pourquoi les autoritaristes obtiennent un soutien de plus en plus fort, et comment nous pouvons persuader les électeurs que ces politiques ne représentent pas une solution aux problèmes auxquels ils sont confrontés.
C'est pour cette raison que Liberties a conduit ses propres recherches, et nous avons trouvé les réponses dont nous avons besoin pour comprendre la situation, ses origines et les moyens avec lesquels nous pouvons y faire face. Début décembre, nous avons publié un livre : "contrer les populistes autoritaires : d'où vient leur popularité et comment inverser la tendance". En 2019, nous mènerons une tournée en Europe afin de faire passer le message auprès d'experts d'universités et de groupes de réflexion, car ces derniers influencent la manière dont réagissent les médias et les représentant.e.s politiques face à la montée de l'autoritarisme. Nous offrirons aussi des conseils aux législateurs ainsi qu'aux défenseurs des droits humains, leur expliquant ce qu'ils peuvent faire, et nous rédigerons une série d'articles destinés au grand public afin de vous donner des pistes sur les moyens que vous avez pour apporter une contribution.
Tout au long de la campagne électorale du Parlemente européen, nous vous informerons aussi sur les tactiques que les populistes risquent d'utiliser. Les sondages laissent penser que les groupes populistes autoritaires ne gagneront pas autant de sièges que cela et qu'il ne seront pas en mesure de former une majorité. Mais le fait que chacun des grands groupes politiques du Parlement est contaminé par des députés appartenant à des partis autoritaires semble passé inaperçu. Il ne s'agit pas uniquement du parti hongrois Fidesz au sein du groupe de centre-droit PPE. Le parti tchèque ANO siège par exemple dans le groupe libéral ALDE. Le parti roumain PSD ainsi que le parti slovène Smer siègent quant à eux au sein du groupe de centre gauche des Socialistes et démocrates. Nous vous fournirons les chiffres et quelques analyses montrant comment les eurodéputés pourraient former des coalitions qui empêchent les autoritaristes d'être au premier plan (et même à l'arrière plan).
2019 s'apprête à être une année passionnante et riche en défis. Nous espérons que vous nous aiderez à construire une mouvement plus large de citoyen.n.e.s européen.n.e.s prêt.e.s à défendre la démocratie et nos libertés fondamentales.