Le gouvernement de Renzi a annoncé début-janvier l'abrogation de la loi sur la criminalisation de l'immigration clandestine. Cependant, le gouvernement a de nouveau retardé l'abrogation, alors que celle-ci représente bel et bien une priorité, compte tenu de l'actuel crise des réfugiés.
La loi criminalisant l'immigration clandestine a été adoptée en 2009 sous le gouvernement Berlusconi, à l'initiative de son ministre de l'intérieur, Angelino Alfano.
Cette loi prévoit notamment qu'un migrant arrivé clandestinement en Italie soit considéré comme un criminel, qu'il se voit infliger une amende, et qu'il soit expulsé du territoire. Cela fait partie d'un "ensemble de précautions sécuritaires" prévoyant "une série de mesures restrictives contre les migrants et les réfugiés".
Une loi inefficace et dangereuse
Cependant, au regard la situation après plusieurs années de mise en application de cette loi, celle-ci s'avère inutile pour le pays et dangereuse pour les migrants. Cette loi ne présente donc pas d'utilité, puisqu'elle n'a en rien réduit l'immigration régulière et l'immigration irrégulière, étant donné que cette dernière fait partie intégrante du processus d'immigration.
De plus, la loi n'a pas augmenté le nombre d'expulsions. En réalité, les juges ne l'appliquent pas dans la mesure où, dans le cas contraire, les tribunaux italiens se verraient submergés d'affaires, et les amendes excessives ne seraient pas versées.
Un grande injustice caractérise cette loi, qui punit un individu seulement sur la base de sa nationalité. Enfermés dans des centres de détention, et expulsés de force, les migrants se voient alors privés de leur liberté de circulation.
Cette loi expose également les migrants au danger. N'ayant aucun statut légal, ces derniers sont contraints de travailler "au noir", à des salaires minimals, et se voient menacés d'exploitation. Cette situation les amène à vivre dans l'illégalité, et divise nos sociétés.
En outre, cette loi prévoit que tout individu qui aide les migrants à entrer en Italie encourt une amende et une peine de prison. Cette clause entraîne des situations perverses où les Italiens n'ont pas le droit de porter assistance aux migrants.
Il est temps de changer la loi
On est donc en droit de se demander pourquoi cette loi, discriminante et dangereuse, s'applique encore. Les hommes politiques, eux aussi, ont reconnu sa dangerosité et son inefficacité.
C'est uniquement pour des raisons politiques que la loi continue d'être appliquée. Angelino Alfano et Matteao Renzi ont affirmé que le gouvernement ne souhaitait ni envoyer de messages négatifs liés à la sécurité, ni inciter les migrants à venir.
Il est donc grand temps de réformer cette loi. Les migrants, qui fuient la guerre et la violence ne devraient pas être réprimés. Au contraire, la loi devrait être faite pour les protéger et les accompagner.