Sabir Nosheen est Pakistanaise. Elle a 26 ans. Elle a fui son pays d’origine parce qu’elle risquait d’y être assassinée. « Pour l’honneur », parait-il. Elle a refusé le mariage auquel sa famille voulait la contraindre. Elle a fui et épousé en secret l’homme qu’elle aimait. Celui-ci a été assassiné par son frère et son neveu. Alors Sabir Nosheen a traversé la frontière, morte de peur, risquant la prison pour avoir quitté le pays sans autorisation.
Elle est arrivée en Belgique en 2011 et y a demandé l’asile. Elle s’est installée et a vécu ici « à l’occidentale », violant gravement les prescrits traditionnels machistes de sa région d’origine. Cela s’est su au pays. Plus que jamais, Sabir Nosheen est en danger si on la renvoie d’où elle est partie.
Amnesty International s’est vivement inquiété de son sort, il y a une semaine, et des risques qu’elle courait au Pakistan.
Cela n’a pas suffi à attirer l’attention de l’Etat belge : alors qu’elle est enfermée depuis près de 6 mois, pour l’unique raison qu’elle est venue demander l’asile politique, Sabir Nosheen a été transférée au centre fermé de Steenokkerzeel, pour être plus proche de l’aéroport en vue de son vol de demain…
Alors même que les procédures introduites par son avocat devant le Conseil d’Etat et la Cour européenne des droits de l’Homme ne sont pas épuisées ; alors que cette jeune femme a pris mille risques pour venir à nous ; alors que l’on accordait encore, en 2014, le Prix Nobel de la Paix à Malala, une jeune femme originaire de la même région qu’elle qui se bat pour dénoncer les violences qui y sont faites aux femmes, la Belgique s’apprête à renvoyer Sabir Nosheen dans la gueule du loup.
L’avocat de Sabir Nosheen l’affirme : « Le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides et le Conseil du contentieux des étrangers ont estimé que ma cliente doit s’adapter aux traditions pakistanaises pour éviter les ennuis ».
Qui pourra dire que nous ne savions pas ? Que l’Etat belge respecte les droits fondamentaux en renvoyant, au mépris de ses propres procédures, cette femme dans une région où d’autres se sont fait lapider pour avoir refusé un mariage forcé ?
La LDH, le MRAX et Pigment ont invité les autorités belges à renoncer à expulser Sabir Nosheen, à lui accorder l’asile.
En vain.
La Belgique a expulsé Sabir Nosheen ce 17 avril.