Civil Rights Defenders condamne les récentes attaques à l'encontre de plusieurs défenseurs de droits de l'homme, membres de l'Initiative de la jeunesse des droits de l'homme (IJDH) de Serbie, et demande à ce que des mesures juridiques soient prises dans les plus brefs délais, en vue de traduire les auteurs de ces agressions en justice.
Une bagarre violente
L'incident s'est produit le soir du 17 janvier 2017: ce soir-là, des activistes de l'IJDH ont été brutalement agressés par des membres de la branche locale du Parti progressiste serbe (PPS), l'actuel parti au pouvoir, dirigé par le président Alexandar Vucic. Un débat avait été organisé dans la ville de Beska par le PPS, dans le cadre d'une campagne pré-électorale agressive, au cours de laquelle une personnalité reconnue coupable de crime de guerre, Veselin Sljivancanin, devait s'exprimer.
Tandis que ce dernier entrait sur la scène, les militants de l'IJDH l'ont interrompu, et brandissaient des pancartes où l'on pouvait lire : "Les criminels de guerre devraient se taire pour le public puisse parler des victimes". S'en est suivi une bagarre, au cours de laquelle les militants, mais aussi quelques journalistes, se sont expulser de la salle.
Selon Anita Mitić, de l'IJDH, qui a été témoin de la scène, plusieurs hommes ont poursuivi les activistes dehors et ont commencé à les agresser violemment. Conséquences: deux militants ont été emmenés à l'hôpital avec plusieurs bleus et de possibles fractures. Quant à Anita Mitić, sa voiture a été vandalisée au cours de la "mêlée".
Une atteinte à la liberté d'expression des jeunes défenseurs des droits de l'homme serbes
L'Initiative de la jeunesse des droits de l'homme est un réseau d'ONG régionales possédant des programmes en Serbie, au Kosovo, en Croatie, au Montenegro, ainsi qu'en Bosnie-Herzégovine. Le projet a été fondé par des jeunes venant de ces pays afin d'améliorer la participation de la jeunesse à la démocratisation de la société et à la promotion de l'État de droit, tout en tenant compte et en se confrontant au passé traumatique récent de la région et établissant de nouveaux liens progressistes dans la région post-conflit de l'Ex-Yougoslavie.
"Ces attaques, qui ont été très violentes, constituent une atteinte directe aux engagements de la Serbie de garantir le droit à la liberté d'expression et représente une nouvelle détérioration du paysage actuel des droits de l'homme dans le pays. La liberté d'expression est de plus en plus menacée en Serbie, les médias et la société civile se voyant confronter à une pression accrue, à la censure et à l'interférence des autorités. Celles-ci doivent enquêter sur cet incident sans plus attendre et s'assurer que les auteurs de ces agressions comparaissent devant la justice", a indiqué Goran Miletic, directeur du programme des Balkans occidentaux de Civil Rights Defenders.
Veselin Sljivancani était commandant en charge de la sécurité au sein de l'armée yougoslave. Il a notamment été accusé d'extermination, d'assassinats, de torture et de traitements dégradants et inhumains de civils croates et non-serbes suite à la chute de la ville croate de Vukovar, en novembre 1991, après plus de 80 jours de siège. Il a ensuite été condamné en 2010 à une peine d'emprisonnement de 10 ans� par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), pour contribuer et encourager à la torture des prisonniers au cours de cette période.