Les micro-États européens que sont Andorre, le Liechtenstein, Saint Marin et Monaco ont beaucoup à offrir. Des paysages à couper le souffle et des édifices médiévaux uniques attendent les touristes, et les boutiques de luxe hors-taxes et les réglementations garantissant de faibles niveaux d'impôts en font de véritables paradis pour les personnes fortunées.
Maus pour celles et ceux qui y habitent, la réalité est bien moins glorieuse. On note de graves manquements en matière de protection des droits fondamentaux, et cela concerne particulièrement les droits des femmes. L'avortement est interdit dans ces quatre États, et en Andorre, au Liechtenstein et à Saint Marin, il est même criminalisé en cas de viol, inceste ou malformation du foetus.
Une protection des droits qui laisse grandement à désirer
Un article récemment publié par Vice a présenté en détails le prix que les femmes ont à payer dans ces pays, où leurs droits ne sont pas respectés. Lors de ces dernières décennies, des milliers de femmes se seraient rendues secrètement en France et en Espagne depuis Andorre en vue de se faire avorter. Les pleins droits à l'avortement sont loins d'être acquis, si bien que les activistes se concentrent en premier lieu sur les droits à l'avortement en cas de situations extrêmes telles que le viol, l'inceste ou des malformations du foetus.
À Andorre, cela fait l'objet d'une bataille acharnée, le gouvernement ayant introduit en 2005 une nouvelle réglementation qui prévoit une peine d'emprisonnement allant jusqu'à deux ans et demie pour les femmes condamnées pour avoir avorter. Les médecins qui conduisent un avortement "clandestin" peuvent quant à eux.elles risquer jusqu'à 12 ans d'incarcération dans certaines situations.
La principauté de Monaco autorise les avortements dans les situations extrêmes décrites plus haut, mais que depuis 2009. Et cet état très catholique reste le seul pays d'Europe occidentale à ne pas reconnaître de forme d'union pour les couples de même sexe. Un projet de loi portant sur les unions civiles devait faire l'objet d'une discussion au début 2019, mais celle-ci s'est vu repousser en octobre.
L'Église catholique exerce une très forte influence dans chacun des ces États. Les lois relatives à l'avortement à Monaco ont été "assouplies" uniquement après que les autorités religieuses ont fait marche arrière après une très vive opposition. En Andorre, si les pro-avortement font de plus en plus entendre leur voix,l'Église en fait de même, en menaçant notamment de retirer l'évêque et mettre fin à la co-principauté si l'avortement venait à être légalisé. Quant au prince du Liechtenstein, il a menacé de quitter le pays en cas de légalisation de l'avortement.
De l'espoir pour l'avenir
Nous avons de bonnes raisons d'espérer que le changement est proche. Au Liechtenstein, l'opinion publique semble être favorable à l'idée de légaliser l'avortement jusqu'à 12 semaines de grossesse dans les cas de malformation du foetus. Mais il nous faut souligner que le dirigeant de cet État, le prince Aloi, a indiqué vouloir opposé son véto à un prochain référendum sur la question. Cela détruit toute chance de voir des changements être apportés, mais 47,7% des électeur.trice.s se sont tout de même opposés à lui et ont voté pour cette proposition.
En Andorre, la première manifestation de rue pour la décriminalisation de l'avortement s'est tenue en septembre 2018. Cet évènement pacifique, qui a attiré de nombreuses personnes, a marqué une avancée significative dans un pays qui n'a presque pas connu de manifestations dans son histoire.
Au vu des progrès des protections des droits humains en Europe au cours du 20ème siècle, il semble que les changements vont finir par se produire dans ces petits États, et que ce n'est qu'une question de temps. Ces changements nécessiteront des manifestations du peuple continues, pacifiques et attirant plus de personnes encore, à la fois dans les rues et dans les urnes.