Ces dernières années, le gouvernement hongrois a dépensé des milliards de forints (monnaie du pays) pour financer des programmes de bourses et attirer des milliers d'étudiants étrangers dans les universités du pays. Les étudiant.e.s iranien.ne.s représentent un grand pourcentage des étudiants boursiers étrangers ne provenant pas de l'UE, juste derrière les étudiant.e.s chinois.e.s. Cependant, ces étudiant.e.s sont eux aussi victimes de la xénophobie qui caractérise le programme politique de Viktor Orbán. Au début de l'épidémie de coronavirus, les étudiants iranien.ne.s résidant en Hongrie ont servi de boucs émissaire, des déclarations officielles affirmant qu'ils avaient été les premiers à être infecté.e.s dans le pays et qu'ils ne respectaient pas les mesures de confinement et gestes barrières.
Deux soeurs iraniennes accusées de ne pas avoir respecté la quarantaine n'ont jamais quitté
Les autorités hongroises ont pris la décision d'expulser une douzaines d'étudiants étrangers, dont une femme iranienne, qui a fait l'objet, avec sa soeur, de poursuites judiciaires. Résidant en Hongrie depuis 10 ans, où elles sont allées au lycée, elles sont toutes deux étudiantes en médecine à l'université de Semmelweis, et ont projet professionnel de devenir pharmaciennes. Le 6 mars 2020, les jumelles ont été placées en quarantaine après avoir été en contact avec deux étudiants en médecine iraniens qui avaient été testés positif au Covid-19. Suite à cette quarantaine, les deux soeurs sont rentrés de l'hôpital avec un test négatif. Cependant, des poursuites pénales ont ensuite été engagées contre elles, ces dernières étant accusées d'avoir quitté le service hospitalier dans lequel elles étaient placées, et d'avoir refusé d'y retourner sur une demande du personnel hospitalier du 7 mars.
L'Union hongroise des libertés civiles (UHLC), qui a représenté juridiquement les deux soeurs, a porté plainte, estime que les accusations ne sont pas justifiées. La police n'a pas fourni de preuves attestant du fait que les soeurs étaient sorties de l'hôpital, et n'a pas déterminé qui était la personne qui leur avait demandé d'y retourner. L'accusation se fondait sur l'hypothèse selon laquelle les étudiantes iraniennes avaient porté atteinte à une décision concernant leur mise en quarantaine, qui ne leur avait été communiquée qu'en langue hongroise, ce qui est contraire à la loi (et ce qui signifie que l'on doit considérer que cette décision ne leur a pas été communiquée). En outre, la décision ne dit rien au sujet du service hospitalier (l'unité où elles étaient tenues de rester). Elles n'étaient pas censées sortir de l'hôpital, ce qu'elles ont respecté. Elles ont par ailleurs indiqué n'être sorties que deux fois de l'unité de l'hôpital où elles avaient été placées : une fois pour assister à une annonce de la police à l'immigration concernant les étudiants étrangers hospitalisés, dans un couloir de l'établissement, et à une autre occasion, quand elles ont été placées dans une autre unité.
Suite à l'abandon des poursuites, la décision d'expulsion n'aurait pas dû être prise
Le 7 mars 2020, un ordre gouvernement est entré en vigueur, indiquant que le non-respect des règles de la quarantaine constituait une infraction pénale. En vertu du droit hongrois, la règle en vigueur doit s'appliquer à l'heure de déterminer une mesure ou décision. Et, dans sa décision du 20 mai 2020, le procureur avait décidé d'abandonner toutes poursuites pénales contre les jumelles.
Cependant, l'Autorité de l'immigration avait déjà pris la décision d'expulser l'une des deux femmes, le 24 avril. En estimant qu'elle avait été suspectée d'avoir commis une infraction pénale, la jeune femme n'était pas autorisée à entrer ou séjourner en Hongrie pour une période de trois ans. En réalité, les poursuites pénales ayant été abandonnées par le bureau du procureur, cette suspicion n'était plus valide. L'UHLC a fait appel de cette décision, jugée illégale. La plainte sera traitée par un tribunal d'ici à quelques jours.