Pour rappel, en novembre 2018, la Ligue des droits humains, ZinTV, le Collectif Krasnyi et Frédéric Moreau de Bellaing organisaient la première édition de « DON’T SHOOT », une exposition collective, à visée tant artistique qu’éducative.
Une exposition photos de policiers en action lors de répressions
Les images décrivent des interventions policières menées dans l’espace public à l’encontre de migrant·e·s, de mouvements sociaux et de citoyen·ne·s organisé·e·s, dans l’objectif d’illustrer et de mettre en débat les atteintes aux libertés de manifestation et d’expression dont sont victimes certains mouvements sociaux, activistes et journalistes.
La Police de Bruxelles porte plainte
Le 3 octobre 2019, les organisateurs de l’exposition ont été assignés en justice par la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles et quatre de ses membres. Les policiers considéraient que leur droit à la vie privée et à l’image avaient été violés, ainsi que leur droit à l’honneur et à la réputation, parce qu’ils apparaissent reconnaissables sur des photos qui les montrent dans l’exercice de leurs fonctions.
La justice donne raison aux organisateurs
Par une décision du 24 octobre dernier, le tribunal de première
instance de Bruxelles a jugé qu’il n’y avait pas lieu d’interdire la
diffusion des images non floutées des policiers dans l’exercice de leurs
fonctions. C’est un soulagement et une victoire pour les
organisateurs de l’exposition mais surtout pour la liberté d’informer de
tou·te·s les journalistes et citoyen·ne·s !
La dénonciation des violences policières sert l'intérêt général
Dans son jugement, le tribunal reconnaît la vocation journalistique
et pédagogique incontestable de l’exposition et l’importance du sujet
d’intérêt général que constitue la dénonciation des violences
policières. Il estime que les policiers sont assimilés à des personnes
publiques ayant donné une autorisation tacite à la prise et à la
reproduction de leur image à des fins d’information. Par conséquent, les
images des policiers qui sont exposées dans « DON’T SHOOT » ne portent
pas d’atteintes disproportionnées aux droits de ceux-ci. Le tribunal
souligne également le rôle de « chien de garde » joué par les médias dès
lors qu’ils témoignent de la réalité des interventions policières.
Les organisateurs condamnés à indemniser deux agents de police en raison de commentaires accompagnant les photos
Par contre, le tribunal condamne les organisateurs à indemniser deux
des quatre policiers pour atteinte à leur honneur en raison des
commentaires qui accompagnaient certaines photos. Or les organisateurs
poursuivis n’étaient pas les auteurs de ces commentaires qui, au
demeurant, restent à leur estime dans les limites de la liberté
d’expression. Les organisateurs étudient l’opportunité de faire appel de
la décision.
En tout état de cause, le droit de diffuser des images non floutées de la police en action dans l’espace public est confirmé. Les organisateurs entendent bien continuer à montrer l’exposition « DON’T SHOOT » pour mettre ces questions en débat. La prochaine exposition aura lieu à la fin du mois, au Festival Mimouna, du 30 novembre au 1er décembre 2019 dans l’Ancienne gare Josaphat à Schaerbeek.
Le 9 novembre 2019