Technologies et droits

Contentions, humiliation, restrictions: des traitements alarmants au sein des hôpitaux psychiatriques tchèques

Les histoires troublantes qui ressortent des hôpitaux psychiatriques de République tchèque devraient réussir à convaincre le gouvernement de mettre en place un organe de surveillance.

by The League of Human Rights
"Un jour, j'étais agité et le personnel m'a attaché au lit avec des sangles. Pire encore, ils m'ont aussi attaché avec un drap autour de la poitrine, tellement serré que je me suis étouffé. Le personnel est parti immédiatement, désintéressé, sans savoir que j'étais en train de me battre pour survivre", raconte Radek Deak, évoquant un des moments atroces qu'il a dû vivre au sein des hôpitaux psychiatriques.

Deak est allé dans six centres de santé à travers le pays, depuis 1999, année du début de son traitement. Comme il le décrit, il a fait face à la discrimination et à des traitements exagérément sévères partout où il est allé. Il se souvient aussi de ces moments désagréables où il a reçu des insultes du personnel quant à ses testicules, tandis qu'il était totalement dénudé. Plus grave encore est la douleur infligée par l'utilisation excessive de l'électrothérapie et de la contention (pratique visant à attacher le patient avec des sangles et à l'immobiliser).

Souvenir de l'hôpital: cicatrice à vie

"Je ne pouvais même pas respirer, ni même appeler au secours. Afin de sauver ma vie, je devais me défaire des sangles. J'y suis parvenu dans la douleur, les poignets recouverts de sang. Depuis, je porte une cicatrice à vie", poursuit-il dans son témoignage.

La Ligue des droits de l'homme (LDH), une ONG, a recueilli davantage de témoignages auprès de personnes étant traitées dans les services psychiatriques. Combien de ces histoires seront lues par les représentants du gouvernement? Cela reste à voir.

Toutefois, les patients se tournent vers des avocats, suite aux restrictions excessives du personnel utilisées en tant que punition. Les patients se plaignent aussi des mauvaises conditions d'hygiène, du manque d'intimité et de la violence du personnel. Ils signalent également des cas d'abus sexuels. Ils ne supportent pas ne pas pouvoir prendre de décisions quant au traitement qu'ils reçoivent et se voir obliger de suivre des traitements médicaux lourds.

Des visites improvisées

La Ligue des droits de l'homme appelle à plus de surveillance de ces établissements. "Il est essentiel que l'autorité de surveillance puisse, à tout moment et de manière improvisée, entrer dans les établissements, visiter tous les services et s'entretenir avec tous les patients de manière privée", explique l'avocate de la LDH Zuzana Durajová.

La proposition de l'ONG est cependant mal vue par certains médecins et experts en psychiatrie:

"Cette proposition se fonde sur l'hypothèse selon laquelle les psychiatres font du mal à leur patients et plus que d'autres docteurs, et que les patients doivent être particulièrement bien protégés et que les docteurs doivent être supervisés par des organes spéciaux qui sont, bien entendu, financés par de l'argent public. Je trouve cette supposition insultante", déclare Petr Mozny, directeur de l'hôpital psychiatrique de la ville de Kromeriz.

Besoin de contrôle

"Je ne vois pas pourquoi les patients psychiatriques et les professionnels de santé qui travaillent dans ce secteur et traitent les malades mentaux, devraient faire l'objet d'une surveillance spéciale de la part d'une institution récemment établie", poursuit Mozny.

Le témoignage de Radek Deak met quant à lui en lumière d'autre pratiques controversées. "Tous les jours, très tôt le matin, les infirmières amènent tous les patients dans le couloir. Les patients, sous traitement médical lourd, sont sous sédatif et endormis: une nuit de sommeil ne leur suffit pas. Pendant la journée, il n'y a nulle-part où se reposer, alors presque tous les patients s'allongent sur le plancher sale. Il y a souvent des bagarres en raison du peu d'espace qu'il y a", explique-t-il.

Pour les patients des hôpitaux psychiatriques tchèques, l'humiliation est vécue au quotidien.

La proposition de dix pages portant sur la manière dont devrait opérer un organe de surveillance des hôpitaux psychiatriques a été rédigée par Zuzana Durajová. Son expérience auprès des patients et le contrôle inadéquat des établissements l'ont amené à le faire. Bien que le bureau national du défenseur des droits soit actuellement en charge de cette supervision, les experts jugent que ce contrôle ne possède pas les ressources nécessaires afin qu'un travail rigoureux soit mené.

"Le mécanisme de contrôle devrait garantir la protection des droits des personnes qui sont, de droit ou de fait, privés de leur liberté personnelle au sein des hôpitaux psychiatriques", peut-on lire dans le document, qui a été adressé avec d'autres rapports portant sur des cas similaires, au ministère de la Santé pour un examen supplémentaire.

Des patients qui ont peur de parler

Selon l'auteure de la proposition, le fait que les patients n'aient personne vers qui se tourner pour présenter leurs plaintes, et qu'ils aient peur d'en parler au personnel de crainte d'être victime de vengeance, constitue l'une des raisons pour lesquelles cette surveillance est nécessaire. Les suspicions de l'avocate sont confirmées par Radek Deak:

"J'avais peur que la plainte ne m'aide pas, et qu'au contraire, cela me porte préjudice. Car les médecins et d'autres membres du personnel, bien sûr, se soutiennent mutuellement, et pour eux, je ne reste qu'un fou qui invente tout".

Ce rapport de Sarka Kabatova a été publié pour la première fois sur Lidovky.cz.

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