“La politique menée par la Belgique est correcte. C’est un modèle en Europe (…) Nous sommes parmi les meilleurs élèves européens et menons une politique extrêmement humaine.” C'est en ces termes que le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, M. Theo Francken, encensait la politique migratoire du Gouvernement Michel dans la presse, le 10 septembre dernier.
Cependant, derrière les barbelés des centres fermés, d’autres voix, originaires d'Irak, de Syrie ou de Somalie, remettent en question cette navrante autocongratulation humaniste et tentent désespérément de se faire entendre. Pour crier à l'aide à l'heure où ils risquent d'être expulsés. Les images presque quotidiennes des conflits dans ces pays démontrent la légitimité des demandes d'asile des ressortissants de ces pays actuellement détenus dans les centres fermés.
Le gouvernement, ne pouvant sans doute pas assumer la contradiction entre la réalité géopolitique et sa politique d'expulsion, a présenté les dizaines de demandeurs d’asile irakiens détenus dans les Centres fermés comme des candidats au retour volontaire.
Des représentants de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et du MRAX ont rencontré, ce mercredi 23 septembre, en présence d'une parlementaire fédérale, des détenus irakiens, syriens et somaliens au centre 127 bis. Ces détenus nous ont confirmé n’être en rien candidats à un retour volontaire. Ils souhaitent au contraire pouvoir trouver refuge en Belgique. Comme eux, de nombreux demandeurs d'asile se sont rassemblés dans la cour du centre dimanche dernier et ont refusé de réintégrer leur cellule.
A cet égard, nous avons été informés du fait que la direction du centre leur avait promis, pour calmer la révolte qui grondait, la visite de la Ligue des droits de l'Homme et d'une autre association s'ils rentraient dans leur chambre. Nombre d'entre eux, forts de cette promesse, ont accepté la proposition.
Nous dénonçons ce procédé scandaleux qui s'apparente à un chantage d'autant plus hypocrite que, deux jours plus tôt, la direction du centre avait refusé l'accès de représentants de la LDH venus en urgence, après avoir appris que des détenus avaient entamé une grève de la faim.
Nous dénonçons également le discours officiel qui met en danger des vies humaines, tout en travestissant la réalité pour justifier l'injustifiable devant l'opinion publique.
A l'heure où la Commission européenne lance une procédure en manquement contre 19 pays de l'Union, parmi lesquels la Belgique, pour leur politique d'asile déficiente, le satisfecit du Secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration résonne avec un sordide cynisme.