Le ministère de la Culture a envoyé une lettre aux ONG qui sont établis dans le même bâtiment du centre de Lubiana, les informant de la fin de leur contrat de bail, officiellement pour que l'immeuble soit rénové. Le problème, c'est qu'aucun budget n'est prévu pour ce projet de rénovation, qui doit par ailleurs durer deux ans. La lettre semble être une nouvelle manoeuvre de la part du gouvernement visant à restreindre davantage l'espace accordé aux organisations de la société civile (OSC) et à faire taire les voix dissidentes.
Les organisations qui siègent dans l'établissement représentent une communauté diversifiée d'acteurs qui ont contribué aux mouvement de la société civile slovène ainsi qu'à la démocratisation et démilitarisation du pays depuis les années 1980.
Le bâtiment en question avait servi de quartier général pour l'armée yougoslave, et son occupation par des travailleurs culturels, artistes et activistes en 1993 avait été l'un des moments symboliques de la nouvelle société slovène. Depuis, le bâtiment est un espace public où la diversité, solidarité, le dialogue et la pensée critique sont respectés et encouragés.
La liste des violations des droits humains s'allonge
Le gouvernement au pouvoir tente d'effacer ces valeurs et cette page de l'histoire. L'expulsion de ces ONG n'est qu'une attaque qui s'inscrit dans une liste de violations des droits humains que ne cesse de s'allonger. Un récent rapport de Greenpeace Europe et Liberties montre que la Slovénie fait partie des pays européens où les gouvernements ont utilisé la pandémie pour faire taire les critiques.
Par exemple, quand le Tribunal constitutionnel a remis en question la nécessité et proportionnalité des mesures de restriction liées au confinement, dont l'interdiction des rassemblements, et exhorté le gouvernement à mener des évaluations pour déterminer si ces limitations étaient justifiées, le Premier Ministre a publié un tweet accusant cette juridiction d'être politisée.
De plus, les médias ont indiqué ne pas être en mesure d'obtenir des informations exactes et fiables concernant les infections de Covid-19 ou les mesures adoptées pour limitée la propagation du virus parmi les groupes à risques. Les journalistes, interdits d'assister aux conférences de presse (du moins physiquement se sont plaints de ne pouvoir poser autant de questions qu'ils.elles souhaitaient. En outre, après que la radio-télévision publique du pays (RTVS) a fait état d'une ingérence politique de grande échelle dans l'octroi de matériel de protection personnelle, le gouvernement a réagi en juillet en proposant des modifications de la loi relative aux médias extrêmement inquiétantes.
Ajoutons que le gouvernement utilise le contexte d'urgence sanitaire et les mesures adoptées pour mettre en place d'importantes limitations sur l'engagement des ONG de protection de l'environnement dans les procédures administratives et judiciaires liées à l'octroi de permis de construire. De telles restrictions s'inscrivent dans un projet plus large qui vise à bloquer l'accès à la participation du public ainsi que l'accès à la justice pour les ONG qui travaillent à la défense de l'environnement.
Le gouvernement propose également d'apporter des modifications controversées aux lois relatives aux médias, qui viseraient à réprimer la liberté de la presse et le pluralisme en concentrant les médias dans les mains de quelques propriétaires alliés au pouvoir. Ce que grâce à d'importantes manifestations dans tout le pays et aux critiques des organes internationaux que le gouvernement a finalement accepté de soumettre les projets de loi à la consultation publique.
Les organisations réagissent
Les ONG expulsées du bâtiment, activistes et artistes appellent le gouvernement à cesser ses attaques visant les société civile et les acteurs indépendants de la culture et d'offrir un environnement libre, sûr et solidaire pour les ONG. Si vous êtes d'accord avec cela et souhaitez les soutenir, vous pouvez signer la pétition ici.