Que signifie la solidarité ?

Le sens original du mot « solidarité » est « ensemble ». La solidarité signifie que les gens s'aident et se soutiennent mutuellement. Il peut s'agir d'un acte symbolique volontaire (par exemple, la participation à des manifestations contre la guerre en Ukraine) ou d'une aide matérielle (par exemple, faire des dons après une inondation). Dans le milieu universitaire, cependant, il n'existe pas de conception universelle de la solidarité.

La solidarité est surtout nécessaire aux personnes qui doivent se battre pour la défense de leurs droits. Seules, elles n'ont souvent pas les moyens de faire valoir leurs préoccupations face à la société majoritaire. Les personnes qui sont dans le besoin peuvent recevoir de l'aide de ceux qui s'en sortent bien. Lorsque leurs besoins sont satisfaits, ceux qui étaient autrefois dans le besoin peuvent retourner l'acte de solidarité envers les autres.

À quand remonte le concept de solidarité ?

Le mot solidarité trouve son origine dans le droit des obligations. Dans l'Empire romain, les personnes endettées pouvaient compter sur d'autres personnes pour les aider. Les membres de la famille devaient payer pour la totalité de la dette et l'ensemble devait payer pour la dette de l'individu.

Dans la célèbre devise de la Révolution française, « Liberté, Égalité, Fraternité », la fraternité représente la solidarité.

Avec l'industrialisation de la fin du 18e et du début du 19e siècle, la « solidarité » a également trouvé sa place dans l'action politique. À cette époque, de nombreux paysans quittaient leurs villages pour chercher du travail dans les villes. Alors que tous se connaissaient encore dans leur communauté d'origine, ils ont soudainement été confrontés à la pauvreté et à la solitude. Les conditions n'étaient pas seulement difficiles pour les paysans ; les travailleurs des villes étaient également confrontés à de nombreux défis. Leurs conditions de travail étaient souvent très mauvaises et leur salaire insuffisant pour vivre. Les ouvriers et les paysans ont réalisé qu'ils avaient les mêmes problèmes et les mêmes objectifs, et ils se sont unis dans la solidarité. Ensemble, ils ont fait campagne pour de meilleures conditions de travail et de vie.

Aujourd'hui, notre idée de la solidarité a évolué. Elle constitue par exemple la base de notre assurance sociale obligatoire. Les représentants politiiques la demandent généralement lorsqu'ils.elles veulent préparer les citoyens aux futurs défis.

Quels sont les domaines de la vie où la solidarité est la plus importante ?

Nous pouvons rencontrer la solidarité dans tous les domaines de notre vie quotidienne. Aucun aspect n'est vraiment plus important qu’un autre.

Pour beaucoup d'entre nous, la « solidarité » évoque des choses et des actions importantes. Au sein de notre État-providence, par exemple, de nombreuses institutions sont fondées sur l'idée de solidarité, comme l'assurance maladie ou l'assurance chômage. L'idée est que chacun cotise à une caisse et que cet argent est ensuite distribué équitablement à celles et ceux qui en ont besoin parce qu'ils ont perdu leur emploi ou sont tombé.e.s malades.

Mais la solidarité se vit aussi à plus petite échelle, par exemple dans l'aide de voisinage, lorsque les habitants d'un village conduisent leurs voisins âgés à des rendez-vous importants en ville parce qu'il n'y a pas de bus.

Des exemples de solidarité

La pandémie de coronavirus

La pandémie de coronavirus a démontré que la solidarité est une ressource limitée. Lorsque les premières restrictions et le confinement ont eu lieu, la solidarité était encore forte. Les gens ont proposé d'aller faire les courses pour leurs voisins âgés ou malades afin qu'ils ne s'exposent pas au risque du virus. Le soir, beaucoup se sont mis à leur fenêtre ou à leur balcon pour applaudir le personnel hospitalier qui s'occupe des personnes malades de la Covid. Des masques ont été cousus et distribués au sein de la communauté. Une étude menée par la Fondation Bertelsmann montre même que les citoyens interrogés au cours de l'été 2020 avaient une impression beaucoup plus positive de la solidarité de leurs concitoyens que ce n'était le cas les années précédentes.

Cependant, l'étude montre également qu'après deux ans, cet effet s'est inversé. La qualité de l'interaction sociale a souffert et ce sont surtout les personnes à faibles revenus qui perçoivent moins la solidarité.

Le mouvement Solidarnosc en Pologne

Les mouvements de solidarité peuvent provoquer des changements majeurs au sein de la société. Un exemple significatif est le mouvement polonais Solidarité, qui a conduit à un tournant politique dans le pays.

Fondé à l'origine comme une coalition de travailleurs de chantiers navals, il a notamment fait campagne pour une augmentation des salaires. En septembre 1980, il est devenu officiellement l'organisation Solidarnosc, qui visait à préserver l'unité du mouvement ouvrier. Elle est rapidement devenue le plus grand syndicat non gouvernemental du pays, représentant toutes les couches de la société polonaise. Ensemble, leur but était réaliser des réformes dans le cadre du système existant.

En 1981, Solidarnosc a été interdit et 10 000 de ses membres ont été arrêtés. Après de longues vagues de grèves organisées en 1988 et des tables rondes, le syndicat a été réenregistré en 1989. Il est le grand vainqueur des élections parlementaires de la même année et le premier gouvernement non communiste du pays. Cela a initié un changement complet de régime en Pologne et a également fait des vagues dans d'autres pays du bloc de l'Est. On attribue à Solidarnosc une influence décisive dans la fin du communisme.

La solidarité en Europe et dans le monde

La solidarité constitue l'un des principes fondamentaux de l'Union européenne. Le préambule du Traité sur l'Union européenne parle déjà de "la volonté d'approfondir la solidarité entre leurs peuples dans le respect de leur histoire, de leur culture et de leurs traditions". Cela se reflète également dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. Le chapitre IV est intitulé « Solidarité », et les articles 27 à 38 garantissent, entre autres, le droit à la négociation collective et la protection contre le licenciement injustifié. Même le mécanisme de financement de l'UE peut être considéré comme étant basé sur la solidarité. Les grands pays contribuent davantage au système afin que les États économiquement plus faibles puissent être soutenus par des projets de financement. En cas de menaces pour la sécurité ou de catastrophes, la solidarité est censée s'exercer au sein de l'Europe.

Cependant, ces dernières années, on a beaucoup parlé d’une ne crise de la solidarité au sein de l’Europe. Cela est en partie lié à la crise des réfugiés en 2015, lorsque certains États membres ont fait passer leurs propres intérêts avant ceux des autres. En septembre 2015, des pays comme la Hongrie, la Slovénie, l'Autriche et la Croatie ont fermé complètement ou partiellement leurs frontières, laissant leurs voisins seuls face au grand nombre de réfugiés. La décision de relocaliser les réfugiés d'Italie et de Grèce vers d'autres États de l'UE a également échoué, alors qu'elle avait déjà fait l'objet d'un accord.

Et même les subventions, qui sont en fait allouées dans l'idée que les plus forts soutiennent les plus faibles, ne sont pas toujours utilisées à cette fin. En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orbán utilise plutôt ces fonds pour enrichir ses amis. Cela pourrait maintenant conduire à ce que la Hongrie reçoive moins de fonds de la part de l’UE.

Maintenant, à quoi ressemble la solidarité au niveau mondial ? Là encore, les États sont assez prompts à annoncer des actes de solidarité ou à appeler à la solidarité. La pandémie de Covid en est un exemple. Afin de s'attaquer au virus le plus rapidement possible, une coopération étroite de la communauté des États a été demandée. Mais en réalité, de nombreux pays, notamment les plus riches, se sont tournés vers la solution du « chacun pour soi ». Cela a été particulièrement clair lors de la distribution des principaux vaccins. Comme les pays occidentaux disposaient de plus de ressources financières, ils avaient acheté les stocks de vaccins sur le marché mondial, ce qui signifiait que les pays plus pauvres ne disposaient de rien. Bien qu'un programme appelé Covax ait été mis en place pour distribuer les vaccins dans le monde entier, il est arrivé à plusieurs reprises que les vaccins donnés par les pays industrialisés ne soient plus utilisables.

Certains pays sont-ils plus solidaires que d'autres ?

La qualité de la solidarité et des actions solidaires ne peuvent être mesurées. Aussi est-il difficile de dire si un pays est plus solidaire qu'un autre ou si la solidarité fonctionne mieux dans certaines parties du monde.

En outre, la solidarité peut prendre des formes très variées. La situation aux États-Unis d'Amérique l’illustre bien. Il n'y a pas de système de santé aux États-Unis qui puisse être comparé au nôtre. Les factures médicales sont souvent extrêmement élevées, les traitements médicaux ne sont pas abordables pour tous. Dans le même temps, nous entendons sans cesse parler de grandes campagnes dans lesquelles des quartiers, des amis et des familles unissent leurs forces pour collecter des fonds. Si cela peut sembler étrange d'un point de vue allemand, cela montre qu'il n'y a pas qu'une seule façon d'agir en solidarité.

La solidarité a-t-elle un avenir ? Que pouvons-nous faire pour la renforcer ?

On peut penser que la solidarité dans la vie réelle se manifestera toujours par vagues. Il y aura des moments où nous aurons besoin de plus de solidarité et des moments où les gens s'occuperont avant tout d'eux-mêmes.

Bien sûr, la société peut changer en raison de l'individualisme croissant. Pendant longtemps, le débat public a proclamé l'éclatement de la société ou la fin de la solidarité. Mais en réalité, le niveau perçu de cohésion sociale n'a que peu changé entre 1990 et 2020.

Néanmoins, nous, et les représentants politiques en particulier, pouvons faire quelque chose pour renforcer la solidarité. Nous devons créer un environnement capable de combattre la lassitude et la frustration. Pour cela, la transparence est fondamentale, pour que les gens puissent par exemple voir que quelque chose de bien a été fait avec leurs dons et que l'argent ne disparaît pas on ne sait où. En particulier en temps de crise, il est difficile d'agir avec prévoyance, car la situation peut changer à tout moment. Les erreurs et les fautes doivent donc être communiquées ouvertement. Cela peut contribuer à une meilleure compréhension de certaines décisions par le public, ce qui peut avoir un impact sur l'acceptation des changements ou des coupes temporaires.

Mais il n'est pas toujours nécessaire de voir si grand. Nous pouvons tous vivre la solidarité dans notre vie quotidienne également. Nous pouvons prendre part à des manifestations pour montrer aux personnes confrontées à une crise qu'elles ne sont pas seules. Si nous en avons l'occasion, nous pouvons donner de l'argent pour soutenir des actions et initiatives auxquelles nous croyons. Ou nous pouvons être là pour nos amis qui traversent une période difficile. La solidarité n'a pas besoin d'être grandiose ou compliquée.

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