Vera Jourova face aux questions sur l'état de droit
À partir de novembre 2019, Vera Jourova sera responsable des questions liées aux valeurs européennes et à la transparence au sein de la nouvelle Commission européenne (CE), l'organe exécutif de l'UE. Sa nouvelle "boss", Ursula von der Leyen, future Présidente de la CE, a inclus l'état de droit ainsi que l'indépendance des médias dans l'agenda politique de la Commission. Certain.e.s eurodéputé.e.s ont d'ores et déjà exprimé leurs inquiétudes quant à l'affiliation de Jourova avec le mouvement politique ANO de l'actuel Premier ministre de la République tchèque, et ont rappelé le possible conflit d'intérêt dans les relations et agissements de la CE avec Babis.
"Il doit être clair qu'elle (Jourova) ne pourra pas ignorer les critiques concernant l'état de droit en République tchèque", a indiqué l'eurodéputé allemand Damian Boeselager, de la Commission des affaires constitutionnelles (AFCO, Committee on Constitutional Affairs). Ses membres, ainsi que les membres de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (la Commission LIBE), posera à Jourova une série de questions liées à son portefeuille au cours d'une audition de trois heures.
Elle n'évitera pas les questions concernant ses liens avec le Premier ministre Babis
Selon Damian Boeselager, Jourova, contrairement à de nombreux et nombreuses eurodéputé.e.s tchèques, "ne s'est jamais opposée franchement à Babis et a ainsi réussi à maintenir sa position en tant que Commissaire européenne". Cependant, au terme de son mandat de cinq ans, la Commissaire tchèque a prouvé qu'elle pouvait être indépendante vis-à-vis du gouvernement tchèque. Un membre du groupe parlementaire des Verts a ajouté qu'elle avait désormais besoin de convaincre le Parlement européen que cette tendance allait se poursuivre.
Certains autres estiment que le travail de Jourova en tant que Commissaire européenne à la Justice, protection des consommateurs et égalité des droits entre hommes et femmes, comme une garantie prouvant qu'elle sait aussi défendre l'état de droit et la transparence des autorités.
"Cela constitue, en principe, une bonne préparation au poste de Vice-Présidente chargée des valeurs européennes et de la transparence", a déclaré la membre autrichienne de la Commission LIBE, Karoline Edtstadler qui a observé en profondeur le travail de Jourova sans ne soulever aucune objection. Cependant, la Commissaire tchèque, à l'instar des autres candidat.e.s, quelque que soit la qualité de son précédent travail, devra répondre à des questions très précises lors de cette audition et son succès ne peut être garanti avant la tenue de cette dernière.
Si confirmée à son poste, Jourova devra en faire plus
Selon le parlementaire européen Boeselager, Jourova a eu des manques dans certains domaines de son portefeuille en tant que Commissaire, et n'a pas réussi, par exemple, à persuader les États membres à adopter un principe garantissant une plus grande représentation des femmes dans les postes de gestion. "C'est pourquoi je souhaite qu'elle aille plus loin dans son ambition dans chacun de ses domaines au cours de ces cinq prochaines années : les valeurs européennes et la transparence, l'état de droit et les questions constitutionnelles", poursuit l'eurodéputé allemand.
L'audition de Vera Jourova se tiendra le 7 octobre. Comme tous les aurees candidat.e.s, elle aura à répondre à 25 questions minimum de la part des parlementaires.