Une tendance à la baisse des demandes d'asile
Comme il est bien connu, le nombre de demandeurs.euses d'asile en Italie a baissé sur l'année 2018. Lors des six premiers mois de l'année, on dénombrait 33 770 hommes, femmes et enfants venus d'Afrique, Asie et Europe (quatre continents si l'on ajoute les quelques migrant.e.s venus d'Amérique du Sud), ont fait une demande de protection internationale dans notre pays. Un tendance à la baisse que l'on observe depuis 2017, et qui va se poursuivre dans les mois qui viennent.
Malgré cette réduction du nombre d'arrivées, le clash politique en Italie est toujours aussi élevé, et la propagande sur cette thématique est toujours aussi intense.
L'infographie de Carta di Roma présente la complexité et diversité des facteurs de migration
Par soucis de clarification et afin de donner une autre image des principaux pays d'origine de celles et ceux qui demandent l'asile en Italie, l'association Carta di Roma a publié une infographie présentant des classements et données établis par des organes étatiques. Ces statistiques permettent de mieux comprendre la situation des pays d'origine.
Et contrairement à ce que l'on a l'habitude d'entendre ou de lire, les réfugiés ne fuient pas leur pays uniquement en raison de la guerre. Parfois, la démocratie n'est que peu "appliquée", et dans d'autres contextes, la liberté de la presse n'existe pas ou encore la seul de pauvreté (pas seulement économique) rend la vie extrêmement difficile dans le pays.
Les motivations qui ont poussé et qui poussent des centaines de milliers de personnes à entreprendre un voyage très dangereux et difficile sont quant à elles complexes : la guerre à elle seule n'explique pas tout.
Il nous faut ne pas oublier (comme c'est si souvent le cas) que le droit d'asile est un droit subjectif et non collectif, qui doit être reconnu à chaque individu sur la base de sa situation personnelle et non dans un contexte national plus général. Le cas par cas prime.
La pauvreté et la restriction des libertés vont souvent de pair
Il est facile de parle de "migrants économiques". Prenons par exemple l'Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) . Ce classement ne prend en compte qu'une partie des pays du monde (une centaine) : ceux dans lesquels une pauvreté "aigüe" est plus généralisée. L'IPM prend donc aussi en compte le manque d'accès à l'éducation et au système de santé, à l'emploi ou à la sécurité personnelle. Comme l'écrivent les auteurs de l'indice, "aucun indicateur isolé, comme le revenu, peut refléter les nombreux aspects qui contribuent à la pauvreté".
Comme le montrent les données recueillies par Carta di Roma, très souvent les pays les plus pauvres (et ceux desquels les gens fuient ou souhaiteraient fuir) sont aussi ceux qui figurent tout en bas des classements sur la démocratie et le respect des droits, c'est à dire des pays où les libertés ne sont pas protégées. Une pauvreté économique, à laquelle il faut donc ajouter une pauvreté démocratique synonyme d'un non respect des libertés fondamentales.
La Gambie : un exemple pratique
La Gambie, est un exemple parlant. C'est le pays d'origine d'un jeune demandeur d'asile qui a récemment commis un suicide après avoir appris que sa demande avait été refusée. La Gambie est un pays qui a connu des élections libres en 2016, après 20 années du règne du dictateur Jammeh, et des restrictions énormes en matière de libertés civiles et politiques. À présent, l'ONG américaine Freedom House estime que les "libertés fondamentales, dont les droits de réunion, d'association et la liberté d'expression, se sont améliorés, mais l'état de droit n'est pas consolidé. Les personnes LGBT souffrent de graves discriminations et les violences à l'égard des femmes demeurent un grand problème.
Alors, bien que le pays ne soit pas en guerre, peut-on dire qu'il est légitime de fuir ce pays (au moins pour certains groupes de personnes) ou non ?