COC Nederland, une ONG de défense des droits des femmes lesbiennes, hommes gays, bisexuels et transgenres, appelle le gouvernement à prendre davantage de mesures pour renforcer l'émancipation des personnes transgenres. Cet appel répond aux inquiétantes conclusions du rapport Les personnes transgenres aux Pays-Bas, élaboré par l'Institut néerlandais pour la recherche sociale (SCP).
Le rapport du SCP indique que les personnes trans connaissaient une position socioéconomique très fragile. Les personnes transgenres sont davantage susceptibles de percevoir un salaire inférieur au revenu moyen (53% de chances chez les trans contre 30% sur l'ensemble de la population). Le groupe dépend aussi des prestations chômage ou d'autres prestations sociales, et ce trois à cinq fois plus que la moyenne. Les préjugés à l'encontre de cette population peuvent expliquer cette situation, selon le SCP.
La présidente de COC Nederland juge ces chiffres "très inquiétants". "Le préjudice rencontré sur le marché du travail montre que les préjugés et la discrimination empêchent encore la pleine participation des personnes trans au sein de la société. Cela doit changer".
Corine van Dun, de Transgender Netwerk Nederland (TNN), est choquée et préoccupée par les conclusions de l'enquête. Elle estime que les personnes transgenres se retrouvent pris dans une "spirale fatale".
"Le changement social ne sera possible que lorsque l'acceptation sera renforcée et lorsque que les personnes trans se sentiront réellement les bienvenus dans le monde du travail, dans les écoles, les associations sportives et dans les lieux où ils sortent", ajoute Van Dun.
Pour Bregtje Visser, présidente de GenderTalent, le fait que le rapport du SCP suscite une prise de conscience des problèmes auxquels les trans se voient confronter au travail. Elle estime qu'il est important que les municipalités, les entreprises et l'Agence pour l'emploi (UWV) travaillent ensemble en vue d'aborder ces questions. GenderTalent propose aux villes des encadrements professionnels spécialisés destinés aux personnes trans et aide les entreprises et les personnes trans vis-à-vis de leur transition dans le monde du travail.
Interdiction de discrimination
Le COC et le TNN travaillent pour intégrer une interdiction juridique de discriminer les personnes transgenres dans la Loi générale relative à l'égalité de traitement. Les deux ONG désirent aussi obtenir un droit légal au "congé payé de transition". Un tel droit pourrait permettre de faciliter la transition pour les employés transgenres.
En outre, les ONG veulent que les listes d'attente pour les soins destinés aux personnes transgenres et pour les indemnisations des traitements soient raccourcies. Cela permettra d'améliorer le bien-être des personnes trans et contribuera à réduire l'exclusion sociale. Les deux organisations demandent des cours obligatoires d'éducation sexuelle à l'école et que l'acceptation des personnes transgenres soit davantage abordée.
Lutter contre l'insécurité et la solitude
L'enquête du SCP montre également que les transgenres sont plus touchés par l'insécurité, la solitude, les problèmes psychologiques et les pensées suicidaires. Ils sont moins en couple (50% contre 17% en moyenne) et plus souvent non mariés (44%, contre 14% en moyenne).
Le SCP estime que la situation des transgenres aux Pays-Bas pourrait faire l'objet de meilleures recherches, si ce sujet était mieux pris en compte dans les enquêtes de grande échelle menées sur la population, telles que le Suivi de la sécurité et l'Enquête sur la santé. Le COC appelle le gouvernement à répondre à cette demande.
Améliorer la loi sur les personnes transgenres
L'enquête du SCP observe également une augmentation fulgurante du nombre de personnes qui changent officiellement de genre: passé de 80 personnes par an en entre 2007 et 2014, à 770 en 2015.
Le SCP indique cela peut s'expliquer par l'adoption de la loi sur les personnes transgenres, encouragée par les deux ONG susmentionnées et introduite en 2014. La loi a notamment permis de faciliter le changement de genre à l'état civil.
Le COC se réjouit de voir que nombreuses sont les personnes à exercer leurs droits en vertu de cette nouvelle loi. Le COC et le TNN oeuvrent maintenant pour le retrait de l'âge minimum auquel il est possible de changer officiellement de genre. Actuellement, seules les personnes âgées de 16 ans et au-delà peuvent le faire, alors que de plus jeunes en ressent également le besoin.
Les deux ONG prônent aussi l'abolition de la "déclaration de l'expert", actuellement requise pour s'inscrire à un changement de genre. Les organisations estiment que les transgenres sont tout à fait en mesure de décider quel genre leur convient le mieux au moment de l'inscrire, et veulent supprimer intégralement l'inscription officielle du genre.