La rétention prolongée des étrangers équivaut à de la détention
Dans son rapport, le directeur du bureau du défenseur des droits du Seimas (parlement de Lituanie) a noté que, en vertu des normes internationales et les lois en vigueur en République de Lituanie, les conditions d'hébergement des étrangers dans les secteurs A, B, C et D du CEE de Medininkai, où les personnes étaient détenues pendant une longue période sans avoir le droit de quitter librement le territoire du dit centre, constituaient un traitement dégradant. En outre, les restrictions effectives imposées aux étrangers depuis plus de 10 mois, au vu de leur nature et de leur degré, peuvent s’assimiler à de la détention. Ces restrictions incluent notamment : un hébergement dans des secteurs qui seraient fermés à clé, des restrictions sévères à la liberté de mouvement au sein du centre et une surveillance de grande ampleur.
« Certaines personnes sont détenues dans le CEE de Medininkai, qui consiste en un camp de containers résidentiels, depuis plus de 10 mois maintenant. Ils n’ont non seulement pas la possibilité de quitter le territoire du Centre, mais n’ont presque aucun moyen moyen de sortir de leur secteur résidentiel. Comme l'affirment eux-mêmes les agents du CEE de Medininkai, lorsque le ballon de jeu se retrouve derrière la clôture entourant le secteur, un étranger ne peut pas aller le récupérer sans être accompagné par les agents », observe Erika Leonaitė, le chef du bureau du défenseur des droits du Seimas.
Les conditions d'hébergement ne permettent pas de vivre dans la dignité
Les conditions de vie dans le CEE de Medininkai sont insuffisantes pour diverses raisons. À l'été 2021, après l'entrée en Lituanie de plus de 4 000 migrants et demandeurs d'asile sur une courte période, le gouvernement a décidé d'héberger un certain nombre d'entre eux dans trois centres d'enregistrement des étrangers (en installant les familles avec enfants, les mineurs non accompagnés et d'autres personnes plus vulnérables dans deux centres d'accueil pour réfugiés). Comme ces centres ne disposaient pas de l'infrastructure nécessaire pour accueillir un nombre aussi élevé de personnes, des conteneurs résidentiels à des fins d'hébergement temporaire ont été installés dans deux CEE - mais, selon le médiateur du Seimas, les agents interrogés lors de la visite du CDE de Medininkai ont admis que les conteneurs résidentiels installés ne sont pas adaptés à un hébergement à long terme.
Cette situation a entraîné de nombreuses restrictions et manquements : en raison de l'alimentation électrique limitée, il est interdit aux étrangers de posséder des appareils électriques ; les espaces communs manquent de meubles, d'équipements et de biens divers ; les conteneurs utilisés comme kitchenettes n'ont pas de cuisinières ou d'éviers (parce qu'il n'y a aucun moyen d'assurer une alimentation correcte en électricité et en eau) et l'un des secteurs résidentiels ne dispose pas de toilettes adéquates pour les femmes. Seules les personnes appartenant à des groupes vulnérables vivent dans de meilleures conditions matérielles, car, selon le rapport du Défenseur des droits, elles sont logées dans le dortoir des gardes-frontières.
Des difficultés rencontrées par les personnes qui vivent et travaillent dans les centres
Selon le Défenseur des droits du Seimas, « les mauvaises conditions de vie sont certainement à l'origine du stress et du mauvais état psychologique des personnes qui vivent en situation de privation de liberté et d'incertitude pendant une longue période. De plus, le manque de travailleurs sociaux et de psychologues entraîne une attention insuffisante aux besoins des personnes détenues, et devient un défi sérieux pour les agents, qui soulignent leurs conditions de travail difficiles ».
Le défenseur des droits souligne un autre problème important : le CEE ne garantit pas de manière adéquate le droit des étrangers qui y vivent de soumettre des requêtes, des plaintes et autres appels. « Cette question est extrêmement importante car il s'agit d'une des mesures permettant d'éviter les décisions arbitraires et les situations où une personne soumettant une requête n'arrive jamais à connaître les raisons de son rejet », a souligné le défenseur des droits.
Le défenseur des droits du Seimas et les spécialistes de la division des droits humains du bureau du défenseur du Seimas ont effectué leurs visites de contrôle pour la prévention de la torture dans le centre de détention provisoire de Medininkai les 24 mai et 20 juin 2022.
Update: The Medininkai FRC was closed on 18 August 2022. The people from this centre were moved to the other two FRCs. The official closing of the Medininkai FRC is foreseen in autumn.