La campagne d'attaques visant les défenseurs des droits humains continue. Dernière agression en date : une proposition de loi du gouvernement Orbán qui limitera de manière significative la liberté de réunion et d'association, ainsi que la capacité des ONG à fonctionner en toute liberté.
La diffamation, une arme de prédilection
L'annonce a été faite au lendemain de la victoire du parti Fidesz lors des dernière élections législatives du pays, qui se sont déroulées le 8 avril dernier. Les élections ont été critiquées par les observateurs internationaux, qui ont remarqué une frontière très floue entre les parti et l'État, et ont noté le caractère xénophobe et intimidant des discours politiques, ainsi que de nombreuses restrictions imposées aux médias et associations, dont la liberté d'expression s'est retrouvée affectée.
Suite à cette annonce, la pression exercée sur les défenseurs des droits s'est poursuivie, avec notamment la publication, par un magazine pro-gouvernement, d'une liste de plus de 200 personnes, dont des défenseurs des droits, journalistes et universitaires, lesquels se sont vus qualifiés de "mercenaires" de l'investisseur américain George Soros. Au cours de cette campagne électorale, le premier ministre Orbán, a accusé les alliés de Soros en Hongrie de vouloir renverser le gouvernement et d'ouvrir le pays aux migrants.
"Nous sommes la majorité"
Les citoyens ont, à travers les réseaux sociaux, organisé des manifestations contre la victoire électorale d'Orbán. Près de 100000 personnes ont marché dans les rues de Budapest, du Palais de l'Opéra au Parlement, scandant "nous somme la majorité".
Le cortège s'est ensuite rassemblé en vue d'exprimer son désaccord avec l'actuel système électoral, qui est injuste et favorise l'élite au pouvoir, et pour dénoncer la campagne xénophobe et anti-immigration d'Orbán, qui lui aura permis de briguer et assurer son 3ème mandat en tant que premier ministre. Les manifestants ont également dénoncé la diminution constance de l'espace accordé à la société civile et la détérioration générale de la démocratie.
Les autorités ont déployé un grand nombre de policiers anti-émeute sur chaque site traversé par la manifestation. Ces mesures de sécurité démesurées et cette démonstration de force inutile visent à intimider et contrarier les manifestant.es, ce qui a un effet dissuasif sur le droit de manifestation pacifique en Hongrie.
La Hongrie ne respecte pas ses obligations
La diabolisation continue des activistes et défenseurs des droits, des médias indépendants et d'autres organisations de la société civile critiques à l'égard du gouvernement est totalement contraire aux valeurs et principes démocratiques que la Hongrie est censée respecter et défendre. En tant que membre de l'UE, la Hongrie est tenue d'assurer le respect total des droits humains, et non proférer des discours de haine à l'égard de celles et ceux qui les protègent et promeuvent, créant ainsi une atmosphère de peur.
"Les actions des autorités hongroises et du premier ministre Orbán portent atteinte aux droits fondamentaux et mettent en danger les défenseurs des droits humains. En outre, ils violent aussi les principes de la Déclaration de l'ONU sur les défenseurs des droits de l'Homme, qui oblige les pays signataires d'assurer la pleine protection des défenseurs des droits humains et de maintenir les conditions nécessaire au fonctionnement libre de leurs activités", a déclaré Goran Miletic, directeur de Civil Rights Defenders pour l'Europe.