La création de l’UE, d’un bloc unique qui œuvre à la promotion des libertés et d’une vie de qualité pour tous les Européen.ne.s, représente un des plus grands accomplissements du 20èm siècle. Mais malgré une approche commune pour la création d’une Europe meilleure, l’exclusion sociale est encore à ce jour un énorme problème. Un problème qui continue même de s’amplifier. Pour atteindre cette Europe égalitaire dont nous rêvons, il est nécessaire d’intensifier nos efforts pour réduire l’exclusion sociale. Cela est dans notre intérêt à tout.te.s, même si nous ne sommes pas victimes d’exclusion. Cela nous permettra en effet de créer les sociétés libres, justes et prospères dans lesquelles nous désirons tou.te.s vivre.
Qu’est-ce que l’exclusion sociale ?
L’exclusion sociale décrit une situation où les personnes n’ont pas un accès égal aux opportunités et services qui leur permettent de vivre une vie décente et heureuse. Cela inclut la capacité à être représenté et faire entendre sa voix sur des questions relatives aux règles de la société. Les opportunités et services qui sont inaccessibles sont principalement : les infrastructures (comme l’électricité ou l’eau portable), l’éducation, la santé ou encore la sécurité sociale.
Vous pouvez penser à un réseau électrique qui relie différentes parties de la société entre elles, qui contient un lien pour qu’une partie de la société jouisse des mêmes avantages que les autres segments de cette même société. L’exclusion sociale concerne les parties qui sont exclues, où le courant ne passe pas : les communautés qui ne sont pas reliées au réseau, et ne peuvent donc pas jouir des mêmes avantages et opportunités que les autres. On décrit souvent ces communautés comme étant « marginalisées ». La « marginalisation sociale » est par ailleurs un autre terme utilisé pour parler d’exclusion sociale.
En théorie, chaque individu est doté de certains droits qui devraient permettre d’éviter ces « pannes ». Les droits humains offrent à tout.e.s le droit d’être entendu et représenté, d’être traité de manière égale par la loi, de participer au débat public sur la société dans laquelle ils vivent. Et les droits sociaux, comme la santé et l’éducation, sont censés garantir que chacun.e ait une chance d’accéder aux mêmes opportunités et services essentiels que les autres. Mais quand ces droits ne sont pas protégés, ou quand les gouvernements travaillent activement en vue de nier ces droits, alors les « pannes de courant » se produisent.
Quels sont les formes d’exclusion sociale ?
L’exclusion sociale peut prendre de nombreuses formes et il existe plusieurs niveaux. Souvent, cependant, quand une personne est exclue dans un domaine de la vie elle en est exclue dans un autre. Par exemple, exclusion sociale se produit quand un certain groupe se voit priver du même accès à l’éducation que le reste de la société. Pensez aux personnes roms dans de nombreux pays : leur incapacité à avoir accès à l’enseignement les empêche ensuite d’obtenir les qualifications nécessaires en vue d’obtenir un bon travail. Et cela ne s’arrête pas là : ils ont ensuite des difficultés à trouver un logement et parfois à fonder une famille. Leur exclusion du système éducatif a des repercussions directes et les exclut de nombreux domaines de la vie en société. Cet effet boule de neige et leur incapacité à le surmonter signifie aussi que l’exclusion travers les générations. Certains groupes sont perpétuellement exclus du réseau.
Les individus peuvent être exclus de la société pour de nombreuses raisons. Cela est souvent lié à leur appartenance à certains groupes ethniques ou groupes minoritaires qui sont confrontés à des discriminations au sein de leur société. Mais cela peut aussi être lié à la façon dont une personne s’identifie. Les membres de la communauté LGBT font depuis très longtemps face à des discriminations qui affectent leur capacité à trouver un emploi ou accéder à certaines endroits, tels que des bars ou restaurants, qui sont accessibles au reste de la société. Ces exemples d’exclusion sociale sont souvent la conséquence de discriminations directes.
Mais les discriminations indirectes génèrent elles aussi l’exclusion sociale. Les personnes handicapées sont souvent exclues de la société en raison de l’absence d’accès (rampes et ascenseurs par exemple) dans de nombreuses infrastructures. Cela peut sembler ne pas être important pour certains, mais cette absence d’accès peut empêcher les personnes handicapées de participer à la vie publique, partager leurs opinions sur des questions importantes ou même voter et avoir un mot à dire quant à l’avenir de la société dans laquelle elle vivent.
Les réglementations qui semblent justes pour ces personnes peuvent aussi causer indirectement des discriminations. Les travailleurs à temps partiel gagnent moins que ceux qui travaillent à temps plein, et leur travail leur offre aussi en général moins d’avantages sociaux (sécurité sociale). Si cela semble juste à première vue, prenons par exemple le cas des femmes, qui sont bien plus susceptibles que les hommes d’occuper des emplois à temps partiel. Ou les personnes qui travaillent dans le secteur du spectacle, qui sont souvent issues des minorités ethniques. Les réglementations du travail qui n’entraînent pas de discrimination de manière directe contre certains groupes peuvent néanmoins exacerber les discriminations et l’exclusion sociale.
La pauvreté et l’exclusion sociale vont-elles de pair ?
En général, les personnes qui sont socialement exclues vivent aussi aussi dans la pauvreté. Si vous ne pouvez pas accéder à la nourriture, les vêtements ou le logement, ou si vous ne pouvez pas vous permettre de vous déplacer en transports en commun quand vous devez avoir accès aux soins lorsque vous êtes malade ou blessé, alors vous êtes sans doute exclu et ne pouvez participer à de nombreux domaines de la société. Et il est vrai que les minorités ethniques se trouvent, en moyenne, dans une situation financière pire que le reste de la population. Les minorités ethniques ont plus de difficultés à avoir accès l’emploi rémunéré, aux bonnes écoles, au logement de qualité et aux établissement de santé bien équipés et dotés de bons moyens humains. La discrimination, directe comme indirecte, entraîne des risques de pauvreté pour les minorités ethniques, bien plus fréquemment que pour les autres groupes.
Mais il est possible d’avoir de faibles revenus sans vivre dans l’exclusion sociale. Les sociétés dotées d’un système d’impôts redistribués fournisse souvent des services publics plus accessibles et de meilleure qualité. Fournir un accès gratuit aux transports en commun, à la santé et à la culture peuvent permettre aux personnes vivant dans la pauvreté d’éviter d’être exclues socialement. Certains pays font même l’expérience d’un revenu de base universel, qui pourrait aider les personnes à sortir de la pauvreté et des formes d’exclusion sociale que cette dernière entraîne.
Quelles sont les conséquences de l’exclusion sociale pour celles et ceux qui la vivent ? Quelle est l’ampleur de son impact?
Il est indéniable que l’exclusion sociale peut avoir un impact énorme sur la vie d’une personne. Le fait que l’exclusion d’un domaine/aspect de la vie peut être liée à l’exclusion d’un autre domaine, montre bien en quoi cette exclusion peut dramatiquement affecter la vie d’une personne. Si vous ne pouvez pas envoyer vos enfants étudier dans une bonne école, ou dans une école tout court, ils auront beaucoup de mal à accéder à un bon travail. Si vous n’avez pas accès à une bonne mutuelle santé, vous pouvez tomber malade et devoir quitter votre emploi, et tomber dans la pauvreté.
Dans pareilles situations, il devient encore plus difficile pour vous de changer le statu quo. Quand vous êtes socialement exclu.e, il vous est plus difficile de faire entendre votre voix, et vos opinions sur la société et ses lois seront moins importants aux yeux de celles et ceux qui gouvernent. Vous pouvez avoir plus de mal à voter, la façon la plus simple d’influencer l’avenir de la société dans laquelle vous vivez. L’exclusion sociale peut rendre le vote plus compliqué (se rendre à un bureau de vote peut s’avérer cher ou demander trop de temps), tout comme les discriminations directes, certains groupes ethniques minoritaires n’ayant pas accès au vote ou étant sous-représentés dans le recensement.
Les exemples d’exclusion sociale dans la vie de tous les jours
Nous avons vu plusieurs exemples d’exclusions sociale, mais il est important d’être conscient de ce que signifie l’exclusion au quotidien. Les immeubles qui n’ont pas d’ascenceur en sont un bon exemple, ou les restaurants qui refusent de servir les personnes LGBTQI. L’exclusion sociale se produit également au quotidien dans le système éducatif. Certaines écoles peuvent exclure certaines personnes en raison de leur origine ethnique ou de la religion, ou de leur handicap. L’exclusion sociale est aussi pratiquée par la police. Quand les forces de l’ordre concentrent leurs efforts sur certaines communautés, ces dernières subissent une suspicion injustifiée et sont plus susceptibles d’être représentées dans les taux de criminalité, même s’il n’y a pas forcément davantage de crimes commis au sein de ces communautés. Les propriétaires sont alors moins enclins à louer leur bien à des personnes issues de ces communautés.
Comment le problème de l’exclusion est-il traité à travers le monde ?
La situation varie fortement d’une pays à l’autre. Les sociétés aux gouvernements plus progressistes souffrent moins de l’exclusion sociale. Le système d’impôts et de redistribution des pays scandinaves, par exemple, a permis de mettre en place des systèmes de sécurité sociable enviables, qui permettent de soutenir et élever des personnes qui pourraient tomber dans l’exclusion sociale. De plus petits efforts, comme la ville de Berlin qui permet aux personnes sans-abri d’utiliser gratuitement les transports en commun, permet aussi à certaines personnes d’éviter d’être exclues
Mais dans un trop grand nombre de pays, l’exclusion sociale est encore un grand problème, exacerbé par la montée des populistes aux tendances autoritaires. Pour ces derniers, l’exclusion sociale fait en réalité partie de leur « boîte à outils » : ils l’exploitent pour diviser les classes laborieuses sur les questions d’ethnicité et attisent la haine à l’encontre des minorités, qu’ils tiennent pour responsables de certains problèmes tels que la pauvreté ou le chômage. Cela leur permet de créer des boucs émissaires sur lesquels ils rejettent la responsabilité de leur échecs, et d’alimenter des peurs qui s’avèrent être un excellent moteur pendant les campagnes électorales.