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#Vote4Values : et si le Royaume-Uni participait aux élections du Parlement européen ?

Vous aimeriez savoir à quoi ressemblerait le Parlement européen en cas de participation du Royaume-Uni aux prochaines élections ? Voici un aperçu qui prend en compte la présence des parlementaires britanniques.

by Israel Butler

Si le Royaume-Uni prend part aux élections du Parlement européen, alors le nombre de total de parlementaires européens (les eurodéputé.e.s) restera le même : on en comptera 751. Et ce chiffre tomberait à 705 sans la participation du Royaume-Uni. Puisqu'il est très probable que le Royaume-Uni sorte de l'UE très tôt pendant le prochain mandat du Parlement européen, nous avons mené nos analyses (présentées dans notre outil de veille principal) en nous basant sur ce total de 705 sièges (c'est à dire sans prendre en compte les parlementaires britanniques). Nous pensons toujours que cette analyse est plus pertinente.

Mais nous savons que nos lecteurs veulent aussi savoir à quoi ressemblerait le Parlement européen avec la participation du Royaume-Uni, et nous vous présentons donc ici une analyse qui prend en compte cette dernière. Voici les conclusions globales :

  • Le principal danger menaçant la protection de nos valeurs fondamentales, c'est encore le fait que le groupes politiques traditionnels contiennent des partis anti-valeurs fondamentales et que ces derniers se renforcent au sein même de ces groupes, qui eux perdent des sièges de manière générale.
  • Le Brexit aura un effet mitigé sur la capacité du Parlement de protéger les valeurs fondamentales. Les coalitions pro et anti valeurs fondamentales sont à la fois plus faciles à créer si le Royaume-Uni ne prend pas part à ces élections et une fois qu'il sera parti de l'UE (et donc que le Brexit sera effectif).
  • Sans le Royaume-Uni, notre outil de veille principal montre qu'il est théoriquement possible qu'une coalition antivaleurs puisse former une majorité. En cas de participation du Royaume-Uni, une telle coalition serait moins susceptible d'atteindre la majorité.
  • Sans le Royaume-Uni, les possibles coalitions pro-valeurs obtiennent des majorités plus larges. En prenant en compte la participation du Royaume-Uni, les majorités des différentes coalitions pro-valeurs sont plus restreintes.

Nous nous appuyons également sur les données de Poll of polls du site Politico sur les élections européennes.

En quoi le Brexit affecte-t-il la taille des groupes politiques du Parlement ?

Les groupes les plus durement touchés par la sortie du Royaume-Uni (par rapport à leur nombre de sièges) sont l'ECR, l'EFDD (qui n'existera plus après ces élections), S&D et les Verts (Greens). Cela est dû au fait que les parlementaires britanniques ne sont pas répartis de manière égale dans les différents groupes.

Ceci étant dit, le Brexit ne va pas influencer le problème que nous avons soulevé dans notre Outil de veille principal : les partis politiques antivaleurs présents au sein des groupes politiques européens traditionnels sont de plus en plus forts.

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{{#hidden-1}} Sur les 71 parlementaires britanniques, 19 font partie de l'ECR (conservateurs), 18 siègent au sein de l'EFDD, 18 siègent dans le groupe S&D, 6 dans le groupe des Greens, 3 dans l'ENF, 2 dans le PPE, 1 dans le groupe ALDE, 1 dans le GUE et 3 font partie des "non-inscrits" (non affiliés à un groupe politique). L'EFDD est le seul groupe antivaleurs qui sera durement touché par le Brexit car il comprend des parlementaires du parti de Farage, l'UKIP qui a mené campagne pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE (et qui a changé de nom depuis). Mais, de toute façon, ce groupe n'existera pas après les élections européennes.

Les partis antivaleurs que nous avons identifié dans les groupes PPE, S&D, ECR et ALDE ne sont pas affectés par le Brexit car ils ne viennent pas du Royaume-Uni. Donc le principal problème que nous avons souligné dans notre Outil de veille principal, c'est à dire le fait que les partis antivaleurs se renforcent au sein de leur groupe politique européen, demeure inchangé. {{/hidden-1}}

D'après les sondages actuels, voici ce à quoi ressemblerait le prochain Parlement européen si le Royaume-Uni prenait part aux élections. Que ce soit avec ou sans la participation du Royaume-Uni, on note que les groupes EPP (PPE) et S&D (c'est à dire les deux groupes traditionnels de centre droite et centre gauche) peuvent atteindre une majorité en formant ensemble une coalition.


En fonction de la participation ou non participation du Royaume-Uni, les différences sont notables.

Qui gagne des sièges en cas de participation du Royaume-Uni ? Les Verts (Greens) gagneraient 8 sièges.

Quels groupes ne sont pas vraiment affectés par la participation du Royaume-Uni ? Le nouveau groupe de Matteo Salvini, l'EAPN, qui obtiendrait à peu près le même nombre de sièges. Il en va de même pour le PPE.

Deux autres groupes, S&D et ECR, risquent d'encaisser un coup dur lors de ces élections, et de perdre des sièges, mais cela sera atténué en cas de participation du Royaume-Uni. Aussi, le groupe S&D perd des sièges mais il perd moins de sièges en cas de de participation du Royaume-Uni, et il en est de même pour le groupe ECR.

En ce qui concerne l'ensemble "non-inscrits/nouveaux parlementaires/membres du Mouvement 5 étoiles", celui-ci gagne plus de sièges.

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La principale raison pour laquelle cet ensemble "non-inscrits/nouveaux parlementaires/membres du Mouvement 5 étoiles" gagne des sièges, c'est que le parti de Farage (anciennement UKIP) n'a pas encore rejoint de groupe politique européen. Au sein de l'actuel Parlement, il fait partie du groupe EFDD, au sein duquel il est le parti le plus représenté. Cependant, ce groupe cessera d'exister après les prochaines élections. Le Mouvement 5 étoiles italien, le second parti le plus représenté de ce groupe politique, tente actuellement de former un nouveau groupe. {{/hidden-2}}

Les coalitions pro-valeurs

Notre outil de veille principal analyse trois possibles coalitions qui pourraient être formées à condition que les groupes politiques traditionnels décident de se débarrasser de leurs éléments indésirables : les membres qui ne défendent pas les valeurs fondamentales européennes. En quoi la participation du Royaume-Uni changerait-elle la donne ?

Le PPE, S&D et ALDE pourraient former une grande coalition libérale, avec environ 382 parlementaires, ce qui leur permettrait d'obtenir une majorité de 6 sièges. Mais cette majorité serait plus grande en cas de non participation du Royaume-Uni (elle serait de 18 sièges).


Le PPE (EPP), S&D, les Verts (Greens) et GUE pourraient former une "super" grande coalition d'environ 400 parlementaires, avec une majorité de 24 sièges. Mais, encore une fois, en cas de non participation du Royaume-Uni, cette majorité serait plus grande (28 sièges.

GRAPHIQUE

Le PPE (EPP), S&D, les Verts (Greens) et l'ALDE pourraient former une Grande coalition avec environ 440 parlementaires, leur permettant d'obtenir une majorité de 64 sièges. Mais, encore une fois, en cas de non participation du Royaume-Uni, cette majorité serait plus grande (68 sièges).


Pour conclure, la participation du Royaume-Uni aux élections affaiblit les majorités obtenues par les coalitions pro-valeurs. En d'autres termes, une fois le Brexit effectif, ces coalitions verront leur majorité se renforcer. Deux raisons permettent d'expliquer en quoi la participation du Royaume-Uni aux élections affecte les majorités de ces coalitions de manière négative.

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La première raison, c'est que le nombre total de sièges est plus élevé avec la participation du Royaume-Uni : 751 contre 705 après le Brexit. La seconde raison, c'est que toutes les possibles coalitions pro-valeurs impliquent forcément la présence de l'EPP et de S&D, et deux coalitions celle de l'ALDE. Parmi ces partis, seul S&D bénéficie vraiment du fait que le Royaume-Uni reste dans l'UE, et même dans ce cas, cela ne suffit pas pour compenser le fait que le nombre de sièges nécessaire en vue d'atteindre une majorité est plus élevé (avec la participation du Royaume-Uni).

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Les coalitions antivaleurs

En quoi la participation du Royaume-Uni affecte-t-elle les deux coalitions antivaleurs étudiées dans notre outil de veille principal ?

Notons que Manfred Weber, candidat du PPE à la présidence de la Commission européenne, a récemment indiqué que son groupe ne coopérerait pas avec d'autres groupes politiques antivaleurs.

Pour les coalitions anti-valeurs, nous observons un effet similaire à celui qui se produit pour les coalitions pro-valeurs : il semble que ces coalitions sont plus difficiles à former. C'est un peu plus compliqué que cela, mais de manière générale, il semble qu'il serait plus difficile pour les coalitions antivaleurs d'atteindre une majorité tant que le Royaume-Uni fait partie de l'UE.

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Les coalitions antivaleurs semblent plus difficile à former pour deux raisons. Encore une fois, le nombre de parlementaires est plus élevé, 751 en cas de participation du Royaume-Uni, contre 705 en cas de sortie de l'UE. Aussi le nombre de sièges en vue d'obtenir une majorité est-il plus élevé. Ensuite, il faut prendre en compte le fait que le PPE et l'EAPN ne contiennent pas beaucoup de parlementaires britanniques, et par conséquent, ne bénéficient pas vraiment de la participation du Royaume-Uni. À droite du spectre politique, l'ECR est le seul groupe politique qui bénéficierait grandement de cette participation avec 12 sièges provenant d'eurodéputé.e.s britanniques.

Mais ces deux raisons ne permettent pas à elles seules de tout expliquer. Premièrement, plusieurs facteurs pourraient rendre ces chiffres moins élevés, dans la pratique. Les parlementaires polonais au sein du PPE et de l'ECR sont issus de partis politiques rivaux. Les eurodéputé.e.s polonais au sein du PPE pourraient bien sortir de ce groupe en cas d'alliance de celui-ci avec l'ECR. De plus, les eurodéputé.e.s antivaleurs du groupe S&D, qui sont officiellement de gauche, ne seront peut-être pas disposés à travailler avec des partis de droite.

Réciproquement, certains facteurs pourraient aussi renforcer ces majorités, dans la pratique. Le parti du Brexit (UKIP) fait partie de l'EFDD, et il pourrait obtenir de bons scores, mais cela ne se voit pas dans les chiffres de coalition car le groupe EFDD est en train d'être dissout. En outre, le parti du Brexit ne fait partie, pour l'instant, d'aucun groupe politique européen : ils font partie de la catégorie "non-inscrits/nouveaux parlementaires/membres du Mouvement 5 étoiles". Il en va de même pour le Mouvement 5 étoiles, qui tente de former un nouveau groupe pour prendre la place de son ancien groupe, l'EFDD. Il faut aussi ajouter à cela un certain nombre de partis non-inscrits (non affiliés à des groupes) qui seront probablement considérés comme antivaleurs, dans la pratique. En définitive, un nombre significatif de parlementaires ne sont pas pris en compte dans les possibles coalitions antivaleurs, car ils ne font pas encore partie d'un groupe politique. Ceci étant dit, il semble qu'il sera plus difficile d'obtenir une majorité pour une coalition anti-valeurs si le Royaume-Uni prend part aux élections.

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Une coalition d'extrême droite obtiendrait 311 sièges, et il lui manquerait donc 65 sièges en vue d'obtenir une majorité (et 51 sièges en cas de non participation du Royaume-Uni ou une fois le Brexit effectif).

Une coalition de conservateurs anti-valeurs obtiendrait 337 sièges, et il lui manquerait donc 39 sièges en vue d'obtenir une majorité (et 25 sièges en cas de non participation du Royaume-Uni ou une fois le Brexit effectif).

Verdict

Les résultats ne diffèrent pas beaucoup de ceux que nous présentons dans notre outil de veille principal. En cas de participation du Royaume-Uni aux élections, il est moins probable que des partis antivaleurs se rassemblent et obtiennent une majorité de sièges en formant une alliance avec le PPE. Ceci étant dit, le PPE a de toute façon déclaré qu'il ne collaborerait pas avec des partis antivaleurs.

En définitive, le principal danger, à l'heure de protéger nos valeurs européennes fondamentales, reste le même : il tient au fait que les principaux groupes politiques traditionnels (comme S&D et le PPE, entre autres) contiennent des partis membres qui sont opposés aux valeurs de l'UE et qui se renforcent au sein de ces groupes. En effet, la taille des groupes S&D et PPE se réduit mais celle des parlementaires antivaleurs au sein de ces groupes reste stable, voire augmente. Et si le groupe ALDE connaît une croissance, on y trouve aussi un nombre plus élevé de parlementaires antivaleurs.

Et parce que les parti antivaleurs peuvent influencer l'orientation du groupe de manière générale, ces derniers pourraient bien "faire équipe" avec l'EAPN (extrême droite) et avec tout groupe qui serait formé par le Mouvement 5 étoiles.

Mais le fait est que les groupes traditionnels ne sont pas obligés d'être pris en otage par leurs membres antivaleurs, lesquels sont minoritaires. Ces groupes traditionnels peuvent encore obtenir une majorité après avoir expulsé ces membres indésirables, mais à condition de former une coalition (ce qu'ils devront faire de toute façon car ils ne sont pas en mesure d'atteindre seuls une majorité).

Pour aller plus loin :

Le fonctionnement et les actions du Parlement européen et pourquoi il joue un rôle si important. À lire ici.

Ce que nous entendons par « antivaleurs » et d’où proviennent nos données. Notre méthodologie, c’est par ici.

Ces élections pourraient bien être les plus importantes de l’histoire. Pourquoi ? La réponse en vidéo.

Répondez à notre quiz afin de voir pourquoi il est important que vous votiez lors de ces élections européennes.

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